mercredi 4 mars 2020

C'est l'heure.

C'est le midi, le milieu de l'après-midi, ou le début de soirée. Comme à n'importe quel autre moment de la journée, les gens s'affairent, on parlemente ou on se presse au supermarché, de la musique orientale populaire s'échappe des boutiques ou des taxis.
Tout à coup, une voix s'élève. Puis une autre. Bientôt un fascinant concert résonne dans le quartier. Un chant mystérieux amplifié par un microphone de plus ou moins bonne qualité se fait entendre partout. 
Un calme relatif se fait. Le chauffeur de taxi coupe la musique populaire. A la radio et à la télévision, les programmes sont tous interrompus pour laisser place à une vidéo illustrant ce même chant diffusé partout. Au travail, les hommes relèvent leurs manches et vont faire leurs ablutions dans les toilettes. De nombreux autres convergent vers un même lieu, où qu'ils se trouvent en Egypte : la mosquée la plus proche. 

C'est l'appel à la prière, qui se fait ainsi entendre cinq fois par jour, selon un rituel précis et presque immuable. La voix du muezzin rythme les moments forts de la journée, imperturbable, et l'on prend l'habitude de connaître approximativement l'heure qu'il est lorsqu'il se fait entendre. Au début, l'on court le risque qu'il interrompe notre sommeil peu habitué aux alentours de cinq heures du matin. Et puis très vite, il fait partie de notre quotidien à nous aussi, et l'on se surprend parfois à s'arrêter sur les marches devant l'immeuble pour écouter cette voix qui semble monter vers le ciel, réverbérée par les bâtiments autour. Le chant est souvent mélodieux, presque mystique. Lorsque le soleil est en train de se coucher, et que les muezzin du quartier entonnent tour à tour l'appel à la prière, c'en est presque magique.

Et lorsque la voix se tait, le calme revenu, l'on a parfois un peu l'impression d'avoir assisté à un moment unique, qui se répète pourtant inlassablement plusieurs fois, tous les jours, dans un pays où la spiritualité fait partie intégrante de la vie quotidienne.